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Fléau pour la culture bananière en Martinique et en Guadeloupe

Présente en Martinique depuis octobre 2010, elle vient d’être signalée officiellement en Guadeloupe. Elle est due à un champignon pathogène, Mycosphaerella fijiensis, qui attaque les feuilles de bananiers.

Feuille de bananier attaquée par la Cercosporiose noire ». Elle se manifeste par de petits tirets noirs visibles sur la face inférieure des feuilles. Ils s’étirent et s’élargissent jusqu’à nécroser totalement les feuilles puis le plant.

La Cercosporiose noire a été détectée pour la première fois aux îles Fidji en 1963. Aujourd’hui, elle a une très large répartition géographique: Afrique centrale, Asie, Pacifique, Amérique centrale et du Sud (Guyane incluse). Dans la Caraïbe, elle a touché Cuba en 1990 puis progressivement Porto Rico, Trinidad et Tobago en 2003, Grenade en 2005, Saint-Vincent fin 2009 Sainte-Lucie en janvier 2010, la Martinique en fin 2010 et la Guadeloupe en 2011.

C’est un champignon pathogène qui peut se développer sur toutes les variétés de bananiers. La maladie est très contagieuse ; elle se transmet par les plants et les feuilles malades (vertes ou sèches) et se propage par ces spores (cellules reproductrices du champignon), d’un bananier à l’autre; celles-ci peuvent être véhiculés par le vent et l’eau sur des dizaines de kilomètres. Ce champignon est responsable d’une importante baisse de rendement et un mûrissement accéléré du fruit, ce qui compromet son exportation.

Ce champignon ne présente aucun danger pour les êtres humains mais pour le bananier c’est un véritable fléau. La question que l’on se pose : Est-ce que cette maladie pourra-t-elle être éradiquée ou circonscrite ? Quelles sont les solutions préconisées ?

A l’heure actuelle, la lutte chimique semble la solution préconisée, tout au moins dans l’immédiat, ( cf. dérogation accordée ) pour limiter ces dégâts. Mais cette lutte interpelle de nombreux Guadeloupéens et Martiniquais car les méfaits du Chlordécone sur le plan environnemental, et de la santé humaine sont encore d’actualités.

Cette lutte chimique s’effectue principalement par voie aérienne. Actuellement, c’est le seul moyen utilisé pour contrôler la Cercosporiose noire. Il est vrai qu’un effort technique est fait depuis quelques mois pour un meilleur respect de la population et de l’environnement: – Équipement des avions et hélicoptères du système de pulvérisation nouvelle génération, Installation d’informatique embarquée avec GPS dans tous les aéronefs pour un ciblage précis des zones à traiter – Mise en place d’un système de traçabilité automatique à disposition de l’administration qui enregistre précisément le plan de vol et les zones. Mais les résultats sont-ils probants ?

Quelles sont les conséquences de cet épandage pour la population ainsi que pour l’environnement ?

Ce n’est pas seulement le mode d’épandage des produits déversés qui est l’objet de critiques mais surtout la nocivité des produits. Les études prouvant la toxicité des produits utilisés font redouter un autre scandale sanitaire. Trois produits sont utilisés pour l’épandage : l’huile de paraffine désignée sous le nom de Banole(HYDROCRACAGE DE PETROLE),  Le TILT(PROPICONAZOLE) et le SICO    (DIFECONAZOLE)

Selon un rapport du docteur Josiane Jospelage, du Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins, ces produits utilisés dans le traitement de la Cercosporiose noire présentent une dangerosité réelle pour la population humaine et à un degré variable selon le produit.

-Le TILT et le SICO ont une toxicité aigüe modérée et localisée et une toxicité chronique suspectée qui les a fait inscrire en classe 3 sur le répertoire des produits cancérigènes.

-Le BANOLE, contient un solvant aromatique dérivé du pétrole, il présente à la fois une toxicité aiguë pulmonaire et neurologique potentiellement mortelle et une toxicité chronique connue de longue date par le corps médical, à savoir un potentiel cancérogène». On signale que l’inhalation de concentrations élevées de vapeurs (plus de 1 000 ppm) entraîne l’irritation des yeux et des voies respiratoires et peut causer : maux de tête, étourdissements, anesthésie, somnolence, perte de conscience et autres effets sur le système nerveux central, y compris la mort. L’exposition de la peau peut provoquer une dermatite graisseuse et la photosensibilisation. Dans de rares cas, le solvant peut sensibiliser les muscles du coeur causant de l’arythmie. Il est répertorié comme « cancérigène classe 2″ . D’autres méthodes de lutte sont-elles envisageables ? La lutte mécanique par effeuillage, ainsi que la création de variétés de bananiers résistantes ne sont elles pas des solutions durables, économiques et respectueuses de l’environnement ?

L’utilisation de variétés de bananiers résistantes contre la Cercosporiose noire aux Comores est semble t-il une réussite.

Docteur CELINI Léonide

Biologiste

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